Au simple titre de l'information des pilotes, et en toute modestie, je vous propose ma première lecture des faits.

J'ai découvert l'activité en Juin 2010, au cours d'un stage de 3 semaines à Embrun, à l'age de 52 ans.

A la suite de cette première formation ( Brevet initial), j'ai acheté, dans l'automne 2010, un équipement neuf et complet : aile hook2 ( classe EN B), sellette évo XC2, secours SOL …

L'aile de 25 m2 est chargée au maximum, soit 100Kg effectif de PTV.

Il s'agissait de mon deuxième vol après révision de l'aile, début février. Tous les critères du contrôle complet étaient au vert ( Bon). Mon dernier vol, dont l'atterrissage a fait l'objet de multiples vidéos (!), datait de 2 semaines.

Je considère mon initiation comme particulièrement laborieuse, dans la mesure où il y eu de nombreux « ploufs » avant de pouvoir survoler un décollage. Mon perfectionnement s'est poursuivi avec les mêmes difficultés, les moindres ascensions et balades imposant toujours beaucoup de travail.

En gros, je n'ai pas encore atteint mon objectif qui se résume à : rester peinard en l'air et n'en redescendre que volontairement !!! Ahhhhh : Ceillac et le Cheiron !!!

Je jalouse (litote!) ceux qui franchissent le Verdon dès leurs premiers vols !

Titulaire du brevet de pilote depuis 2012, le vol de Banon était mon 162eme en autonomie.

Sur mes 160 vols, 100 ont été assurés sur la Ste Victoire, 30 sur le Garlaban, 20 sur gréolières et les 10 autres de ça, de là ! Bref, je préfère le terroir aux lointaines contrées hostiles. De par sa nouveauté, j'ai donc classé Banon parmi cette dernière catégorie.

Ce samedi 8 mars, il fait beau et chaud, ciel bleu. Joli paysage de la Provence profonde.

Briefing au sujet du terrain d'atterrissage : je confusionne → j'ai cru comprendre que le terrain officiel est dans l'EST du chemin le bordant, alors qu'il est dans L'OUEST. Du coup, sa surface me paraît vraiment ténue, disposée entre une ligne aérienne téléphonique au nord, une ligne haute tension au sud et des peupliers dans l'EST. Compte tenu des airs dominants ce samedi, les atterrissages se feront dans l'axe de la largeur. Tout cela ne m'enchante guère, d'autant plus que de strictes recommandations nous sont faites pour ne pas atterrir hors terrain.

En résumé, j'ai une appréhension certaine quand à mon futur atterrissage, dont je perçois qu'il ne sera pas des plus placides : pas de « hors terrain » autorisé - longueur de piste un peu courte à mes yeux – obstacles périphériques.

Arrivée au décollage en voiture : ça change des accès « Marseillais » avec une heure de crapahute et 20 Kg sur le dos !!! C'est, en tout cas, très confortable. Les airs sont présents, mais portent peu.

Les décollages se font très progressivement, sans que les vols ne se ressemblent : du plouf au septième ciel indépendamment de la compétence des pilotes. Les camarades expérimentés encore au sol  nous résument la situation : cycles de bulles → il faut décoller au bon moment pour espérer « yoyoter » au rythme des bulles. Ah, zut ! Là encore ça se complique …

L'attente des bonnes conditions est animée par le rythme des décollages … et des retours voiture pour les premiers « ploufs ».

14h00 : je me décide ! Décollage avec deux paris un peu fous : ne pas aller au tapis trop vite ( il faut bien amortir les 250Km de trajet …) et atterrir dans les clous.

Le premier item sera tenu avec un peu de chance et, aussi, à force de « taquiner le caillou » ! Cette bonne petite bagarre contre le relief, mais toujours en vitesse max, m'expédiera au-delà des 1400m, pour un vol d'une heure . Effectivement, il s'agit bien de grosses bulles ascendantes, souvent trop longuement espacées.

14H55 : faute de ressources suffisantes, je reviens au niveau du déco avec l'idée de me refaire un cycle. Las : trop de monde concentré sur les mêmes zones dynamiques. J'estime trop important le risque de collision et décide d'atterrir.

15h00 : Arrivée bien au-dessus de ce que je crois toujours être le terrain d'atterrissage, par une brise de SUD-OUEST établie. Durant qq minutes, j'alterne PTS et parachutale en bordure EST du champ, histoire de « tâter » la masse d'air.

15h05 : Compte tenu de la stabilité de la brise, et pour atterrir court, je décide d'une approche en parachutale, ce que, par sécurité, je ne pratique JAMAIS. Tout se passe bien jusqu'à 2-3m du sol, ou je ne sens plus l'air me porter. Impact sol à 15h07, en position assise. Aie !!!

Je me souviens parfaitement avoir été dans une approche parachutale stable durant la dernière minute de vol, sans avoir jamais décroché.

D'ailleurs, il est impossible de décrocher avec cette aile, à moins de prendre 2 tours dans les poignets et d'appuyer à en faire péter les freins. C'est, en tout cas, mon retour d'expérience après plusieurs essais « en altitude », d'où mes fréquents atterrissages en sur-vitesse, faute de freins très efficaces.

Il me faudra l'aide (très rapide) des pilotes présents sur site pour me dés-harnacher et plusieurs minutes pour une reprise normale de la ventilation, au cours desquelles j'assure un bref diagnostic des fonctions neurologiques . Petit à petit, j'arrive à me déplacer, avec grand peine. Après avoir récupéré durant une heure, je ressens toujours la douleur lombaire. Un bon « lumbago », en somme. Un truc de vieux auquel je suis sensible depuis 15 ans ! Ça passera donc, comme les précédents.

Ayant fait le trajet aller avec Philippe et son véhicule, nous rentrons sur Marseille ensemble. Las ! Sur notre trajet, se trouve l'hôpital nord de Marseille, et le « Filou » m'y impose une halte dont l'utilité m'échappe.

Après scanner, l'interne des urgence appellera l'interne de neurologie, qui, lui-même fera venir un neurochirurgien de garde. Deux vertèbres cassées (L1 et L2) mais L2 « explosée ». La paraplégie, selon les dires de mon bienfaiteur, ne devait pas être de service ce jour là.

J'ai été opéré le Lundi 10 mars ( temps d'attente d'une prothèse) et suis en arrêt de travail pour 3mois … dans un premier temps. Aucune activité physique durant 6 mois, le temps de laisser L1, L2 et L3 se souder ensemble. Avec tout ce temps libéré, mon planning se détend … enfin !

Plus jamais d'atterrissage en parachutale. Bras hauts et pleine vitesse redeviennent mes deux amis. A défaut d'un terrain long, ce sera un « hors terrain ». Et tant pis pour ceux qui, après leur atterrissage, auront décidé de plier, gonfler et/ou pipletter au milieu de la zone d'atterrissage … comme ça arrive trop souvent !!! ( Garlaban le 23 février entre-autres)

Prochain vol ? Octobre  bien sûr !